Les échos du 11 septembre 2001 dans les imaginaires sociaux au Canada - Jimmy Thibeault

Universität Passau

Die Veranstaltung

Jimmy Thibeault, Université Sainte-Anne (Nouvelle-Écosse)Confronter le drame : retracer la filiation mère fille dans le sillage du 11 septembre 2001. Lecture du roman Fugueuses de Suzanne JacobLes attentats du 11 septembre 2001, par leur couverture médiatique, mais aussi par une certaine proximité géographique, sont rapidement entrés dans l'imaginaire québécois, donnant l'impression d'une onde de choc qui aurait rapidement franchi la frontière. Cette impression de vivre les événements à la fois dans la proximité et la distance teinte dans une certaine mesure la représentation du 11 septembre dans la littérature québécoise, alors que les événements ne sont souvent qu'effleurés - comme chez Catherine Mavrikakis (2008), Mathieu Arsenault (2008) ou Daniel Grenier (2015) - ou n'apparaissant que comme un non-dit dont on peut pourtant deviner la présence entre les lignes - comme Nicolas Dickner (2011) ou Éric Dupont (2012). Il y a aussi ces romans qui abordent explicitement les images de l'effondrement des tours jumelles, mais qui s'en éloignement presque immédiatement par un replis du récit sur une blessure intime, un indicible jusque-là refoulé, comme si la violence du moment ramenait à la mémoire une violence longtemps repoussée dans les profondeurs du soi, à la limite de l'oubli. Alice van der Klei, dans son article « Le 11 septembre 2001, un événement vu d'ici », en donne un exemple éloquent par l'étude des romans Compter jusqu'à cent de Mélanie Gélinas (2008) et La chute du mur d'Annie Cloutier (2010); deux romans où les événements du 11 septembre font échos au drame intime des protagonistes, survivantes d'un viol. Van der Klei remarque : « Dans ces deux cas, le 11 septembre s'infiltre dans le quotidien des personnages et il sert de déflecteur, leur permettant de raconter un autre événement tout aussi traumatique. » (264) Un autre événement vécu dans la honte, repoussé à la marge, mais dont la mise en récit, le partage avec autrui, permet d'entamer une forme de guérison.La présente conférence propose d'explorer cette représentation du 11 septembre comme élément déclencheur d'un retour à soi et, surtout, d'une prise de parole qui, bien qu'elle soit intime, produite en marge des grands récits sociaux, se veut porteur d'un message de solidarité. Je m'intéresserai particulièrement au roman Fugueuses de Suzanne Jacob (2005), où l'onde de choc des attentats du 11 septembre 2001 se superpose à un secret familiale qui minent la famille Dupont et qui remonte à la surface. Dans ce roman, il y a le silence de grand-mère, la fuite de la mère et la quête de vérité de deux s½urs. Il y a aussi la résurgence d'une mémoire honteuse, gardée par l'arrière-grand-mère. Il y a surtout la route qui permet aux femmes de la famille Dupont de se dire les douleurs longtemps refoulées et de se retrouver.

Info

Veranstalter Fachschaft GeKu
Quelle Universität Passau
  • Anfahrt